L’adaptation aux impacts des changements climatiques

Déclaration d’ouverture au Comité permanent des pêches et des océans

L’adaptation aux impacts des changements climatiques

(Rapport 2 — Rapports de l’automne 2017 de la commissaire à l’environnement et au développement durable)

Le 13 février 2018

Julie Gelfand
Commissaire à l’environnement et au développement durable

Monsieur le Président, je suis heureuse d’être ici aujourd’hui pour discuter de mon rapport sur l’adaptation aux impacts des changements climatiques, qui a été déposé en octobre 2017. Je suis accompagnée de Monsieur David Normand, le directeur responsable de l’audit.

Avant de présenter les constatations de l’audit qui nous intéresse aujourd’hui, je souhaite profiter de l’occasion pour souligner des constatations clés d’un autre de mes rapports de l’automne 2017, qui portait sur les progrès liés à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Dans ce rapport, nous avons constaté que le Canada avait manqué toutes ses cibles de réduction des émissions depuis 1992, et qu’il n’était pas en voie d’atteindre la cible de 2020. Le gouvernement fédéral s’était tourné vers une nouvelle cible, qui met la barre plus haut et doit être atteinte en 2030. Cela revient à retarder l’échéance pour atteindre la cible de réduction des émissions.

En décembre 2016, le gouvernement a publié son nouveau plan en matière de changement climatique, le Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques. Environnement et Changement climatique Canada a progressé dans la collaboration avec les territoires et les provinces pour élaborer ce nouveau plan en vue d’atteindre la cible de 2030. Ce plan n’en reste pas moins le dernier d’une série de plans ayant vu le jour depuis 1992.

Environnement et Changement climatique Canada a déjà établi que, même si toutes les mesures de réduction des émissions de gaz à effet de serre prévues dans le Cadre sont appliquées dans les délais prévus et donnent lieu à une baisse des émissions, il faudra des mesures additionnelles pour atteindre la cible de 2030.

Le climat canadien est plus chaud et plus humide, et les impacts connexes, comme les phénomènes météorologiques extrêmes, la hausse du niveau de la mer, l’acidification croissante des océans et la réduction de la banquise et du pergélisol, présentent des risques importants pour la population canadienne et l’économie.

En tant que responsable de la lutte contre les changements climatiques, Environnement et Changement climatique Canada a aussi piloté l’élaboration du Cadre stratégique fédéral sur l’adaptation de 2011, qui visait à intégrer les considérations relatives aux changements climatiques aux programmes, aux politiques et aux activités. Selon ce cadre, chaque organisation fédérale doit puiser dans son expérience de la gestion des risques et l’appliquer aux enjeux liés aux changements climatiques qui pourraient toucher sa capacité de réaliser son mandat.

Lors de notre audit sur l’adaptation aux impacts des changements climatiques, nous avons examiné si 19 organisations fédérales — dont Pêches et Océans Canada — avaient évalué les risques connexes et pris des mesures d’adaptation dans leurs secteurs de responsabilité.

Nous avons constaté que la plupart des ministères et organismes fédéraux examinés n’avaient pas pris de mesures appropriées à cette fin. Nous avons aussi constaté qu’Environnement et Changement climatique Canada, en collaboration avec d’autres partenaires fédéraux, n’avait pas fourni de leadership adéquat en vue de promouvoir l’adaptation du gouvernement fédéral aux impacts des changements climatiques.

Toutefois, nous sommes heureux de signaler que Pêches et Océans Canada était l’un des cinq ministères qui avaient mené des évaluations complètes des risques et intégré l’adaptation à leurs programmes et activités.

Par exemple, en 2005, Pêches et Océans Canada a recensé les plus grands risques qui menaçaient son mandat et il a affiné son analyse en 2012. Parmi ces risques, il y avait des impacts négatifs possibles sur les écosystèmes, les stocks de poissons, la sécurité et la navigabilité des cours d’eau, de même que des impacts sur les infrastructures, comme les ports pour les petits bateaux et les biens de la Garde côtière canadienne.

Nous avons aussi constaté que Pêches et Océans Canada était l’un des cinq ministères qui avaient fait des progrès pour contrer les risques liés aux changements climatiques qu’ils avaient identifiés. Dans le cadre de son Programme des services d’adaptation aux changements climatiques en milieu aquatique, Pêches et Océans Canada a mené 38 projets de recherche et élaboré 22 outils d’adaptation pour surveiller et étudier les impacts des changements climatiques sur les pêches, les écosystèmes aquatiques, les littoraux et les infrastructures côtières du pays.

Ainsi, pour contrer les risques élevés identifiés liés aux 750 ports désignés pour la pêche commerciale qu’il gère, le Ministère a notamment élaboré deux outils d’adaptation fondés sur le Web pour gérer l’endommagement potentiel des infrastructures lié aux changements climatiques. Le premier outil est l’Outil canadien d’adaptation aux niveaux d’eau extrêmes, qui donne des projections de la hausse du niveau de la mer dans les années à venir. Le second est l’Indice national de vulnérabilité des infrastructures côtières, qui combine des données environnementales, des données techniques sur les ports et des données socioéconomiques pour mesurer la vulnérabilité des ports aux impacts des changements climatiques. Ces outils aident les ingénieurs et les gestionnaires à planifier l’affectation des ressources aux projets d’adaptation les plus utiles.

Un exemple de l’application de l’Outil canadien d’adaptation aux niveaux d’eau extrêmes concerne le havre Margaree, en Nouvelle-Écosse. L’élévation du niveau de la mer et l’aggravation des ondes de tempête avaient endommagé les infrastructures portuaires. En 2010, la digue a cédé et la majeure partie des installations a été submergée. Grâce aux données fournies par son outil, le Ministère a relevé la digue de 0,7 mètre en 2016 pour faire face à la hausse du niveau de la mer prévue pendant la durée de vie opérationnelle de la structure.

Monsieur le Président, les risques liés aux changements climatiques ne peuvent pas être entièrement éliminés. Il est cependant possible de réduire les vulnérabilités en prenant des mesures d’adaptation comme celles prises par Pêches et Océans Canada. D’autres ministères constatent également qu’il est possible d’y arriver.

L’adaptation consiste à prendre des décisions éclairées et tournées vers l’avenir pour gérer les risques liés aux changements climatiques et tirer parti des nouvelles possibilités qui se présentent. Un leadership solide et soutenu du gouvernement fédéral est essentiel, car l’inaction dans ce domaine sera, selon les estimations, beaucoup plus coûteuse que les mesures d’adaptation.

Enfin, je profite de l’occasion pour évoquer deux rapports d’audit que je présenterai au Parlement au printemps et qui pourraient intéresser le Comité : l’un porte sur l’élevage du saumon et l’autre, sur la conservation de la biodiversité. Dans ces audits, nous examinons si Pêches et Océans Canada a fait des progrès sur les objectifs pour la biodiversité d’ici 2020 dans le domaine des aires protégées et des espèces en péril. Je serais heureuse de témoigner devant le Comité pour discuter des constatations de ces rapports après leur dépôt.

Monsieur le Président, je termine ainsi ma déclaration d’ouverture. Nous serons heureux de répondre aux questions des membres du Comité. Merci.