L’élevage du saumon

Déclaration d’ouverture au Comité permanent des pêches et des océans

L’élevage du saumon

(Rapport 1 — Rapports du printemps 2018 de la commissaire à l’environnement et au développement durable)

Le 23 octobre 2018

Julie Gelfand
Commissaire à l’environnement et au développement durable

Monsieur le Président, je suis heureuse d’être ici aujourd’hui pour discuter de mon rapport sur l’élevage du saumon, qui a été présenté au Parlement en avril 2018. Je suis accompagnée de Sharon Clark, la directrice principale chargée de cet audit.

Dans notre audit, nous avons vérifié si Pêches et Océans Canada et l’Agence canadienne d’inspection des aliments avaient surveillé l’élevage du saumon de manière à protéger le poisson sauvage. Cette industrie pose en effet des risques pour le poisson sauvage, notamment en l’exposant à des maladies, à des médicaments et à des pesticides.

Nous avons constaté que Pêches et Océans Canada avait mené des recherches sur ces risques et sur d’autres. Nous avons aussi constaté que le Ministère avait déterminé les lieux où les élevages de saumons pouvaient s’installer ou s’agrandir, ainsi que les conditions d’exploitation des élevages.

Toutefois, nous avons constaté que le Ministère avait effectué seulement une des dix évaluations des risques liés aux grandes maladies connues qu’il s’était engagé à réaliser d’ici 2020, pour donner suite aux recommandations de la Commission Cohen. Par ailleurs, nous avons noté que le Ministère avait annoncé, le mois dernier, qu’il avait lancé une deuxième évaluation des risques visant le risque de transfert du réovirus pisciaire du saumon d’élevage de l’Atlantique. Ces évaluations ne portent pas sur les risques liés aux maladies nouvelles et émergentes.

Pêches et Océans Canada ne surveillait pas non plus la santé du poisson sauvage. Vu ces lacunes dans l’évaluation et la surveillance, le Ministère ne connaissait pas les effets de l’élevage du saumon sur la santé du poisson sauvage. Selon nous, conformément au principe de précaution, il est d’autant plus important d’évaluer les activités qui peuvent nuire au poisson sauvage.

Nous avons constaté que Pêches et Océans Canada n’avait pas fait respecter adéquatement la réglementation sur l’élevage du saumon. Or il est important de faire respecter cette réglementation puisqu’elle vise à protéger les poissons sauvages.

De même, le Ministère n’a pas défini de limites pour la quantité de médicaments et de pesticides que les fermes aquacoles peuvent utiliser pour lutter contre les maladies et les parasites. Or il est important de fixer des limites puisque les médicaments et les pesticides utilisés dans l’élevage du saumon peuvent nuire aux poissons sauvages, surtout aux poissons vivant dans les fonds marins. Le Ministère n’a pas non plus défini de normes nationales pour les filets et les autres éléments d’équipement afin d’empêcher les évasions de poissons d’élevage.

Ces constatations nous ont amenés à conclure que Pêches et Océans Canada n’avait pas géré les risques posés par l’élevage du saumon de manière à protéger le poisson sauvage. Nous avons notamment recommandé au Ministère de préciser le niveau de risque pour le poisson sauvage qu’il accepte lorsqu’il facilite le développement de l’élevage du saumon. Nous avons aussi recommandé au Ministère de fixer des seuils à respecter pour les médicaments et les pesticides immergés ou rejetés dans les parcs en filet afin de réduire plus efficacement le danger pour le poisson sauvage.

Je conclus ainsi ma déclaration d’ouverture. Nous serons heureuses de répondre aux questions des membres du Comité. Merci.