La sécurité matérielle des missions diplomatiques canadiennes à l’étranger — Affaires mondiales Canada
Déclaration d’ouverture au Comité permanent des comptes publics
La sécurité matérielle des missions diplomatiques canadiennes à l’étranger — Affaires mondiales Canada
(Rapport 4 — Rapports de l’automne 2018 du vérificateur général du Canada)
Le 26 février 2019
Jerome Berthelette
Vérificateur général adjoint
Monsieur le Président, je vous remercie de nous donner l’occasion de discuter de notre rapport de l’automne 2018 sur la sécurité matérielle des missions diplomatiques canadiennes à l’étranger. Je suis accompagné de Madame Carol McCalla, qui était responsable de l’audit.
Cet audit visait à examiner si Affaires mondiales Canada avait des mesures de sécurité matérielle dans ses missions pour protéger efficacement son personnel et ses biens. Ces mesures comprennent la mise en place de clôtures, de barrières pour véhicules, ou de systèmes d’alarme pour empêcher des intrusions ou des attentats. Comme employeur, le Ministère doit assurer la sécurité de son personnel. Plus de la moitié des employés des missions travaillent dans des endroits dangereux qui nécessitent des mesures de protection.
Dans l’ensemble, nous avons constaté qu’Affaires mondiales Canada n’avait pas répondu à l’évolution des menaces à la sécurité dans ses missions à l’étranger. Au cours des dix dernières années, le Ministère a reçu 650 millions de dollars pour renforcer la sécurité matérielle dans ses missions où la menace est élevée. Nous avons constaté que la documentation ne suffisait pas à démontrer comment la priorité des projets liés à la sécurité matérielle avait été établie pour s’assurer que les décisions combleraient les besoins les plus essentiels. Le Ministère avait défini plus de 200 mesures de sécurité dont toutes ses missions avaient un besoin urgent, mais il n’avait pas encore de plan en place pour les appliquer.
Nous avons relevé des faiblesses dans les évaluations de la sécurité menées par Affaires mondiales Canada dans ses missions. Par exemple, l’évaluation des menaces était périmée pour plus du tiers des missions, et beaucoup d’évaluations de la vulnérabilité étaient incomplètes ou ne recommandaient pas de mesures pour corriger les faiblesses relevées. De fait, les normes de référence précisant les mesures nécessaires afin de protéger les missions contre des attaques physiques directes étaient toujours en cours d’élaboration au moment de notre audit. Sans ces normes, Affaires mondiales Canada ne peut pas évaluer complètement les mesures de sécurité nécessaires pour protéger efficacement son personnel et ses biens dans les missions. Pourtant, le Ministère est responsable de la sécurité du personnel déployé à l’étranger, et bien des missions ont un besoin urgent de mise à niveau de la sécurité.
Nous avons examiné les mesures de sécurité dans six missions exposées à un risque élevé et avons relevé des failles majeures dans ces six missions. Le Ministère connaissait plusieurs de ces lacunes depuis des années, mais il n’avait pas mis en place toutes les mesures recommandées pour les corriger, notamment l’amélioration de la vidéosurveillance et des systèmes d’alarme, ainsi que des barrières pour les véhicules. Les responsables de la sécurité de ces missions ne connaissaient pas l’état d’avancement des projets approuvés de renforcement de la sécurité matérielle, ni les mesures provisoirement requises pour atténuer les risques relevés pour la sécurité.
La plupart des projets d’immobilisations du Ministère pour renforcer la sécurité avaient des retards d’au moins trois ans, et il allait falloir presque deux fois plus de temps pour les finir par rapport à ce qui était prévu initialement. Nous avons constaté que ces retards avaient été causés par des lacunes dans la gestion et la surveillance des projets du Ministère. Ainsi, les plans pour les projets de construction n’évaluaient pas assez les risques propres au pays hôte, par exemple les délais pour obtenir des permis; ils n’incluaient pas non plus ces risques dans les calendriers d’exécution. D’autres entités fédérales, comme Construction de Défense Canada, ont des connaissances spécialisées et une expérience en matière de projets de construction à l’étranger qui pourraient aider Affaires mondiales Canada à s’assurer que les améliorations importantes de la sécurité respectent les délais et les budgets.
Enfin, nous avons constaté que plus du tiers du personnel travaillant dans certains des endroits les plus dangereux n’avait pas suivi la formation obligatoire de sensibilisation à la sécurité. Affaires Mondiales Canada n’avait donc pas l’assurance que ses employés avaient reçu le niveau adéquat de formation de sensibilisation à la sécurité afin d’assurer efficacement leur propre protection.
Nous avons formulé cinq recommandations, qu’Affaires mondiales Canada a toutes acceptées.
Monsieur le Président, je termine ainsi ma déclaration d’ouverture. Nous serons heureux de répondre aux questions des membres du Comité. Merci.