Préparation en cas de pandémie, surveillance et mesures de contrôle aux frontières

Déclaration d’ouverture au Comité permanent des comptes publics

Préparation en cas de pandémie, surveillance et mesures de contrôle aux frontières

(Rapport 8 — Rapports de la vérificatrice générale du Canada de 2021)

Le 20 avril 2021

Karen Hogan, Comptable professionnelle agrééeCPA, Comptable agrééeCA
Vérificatrice générale du Canada

Madame la Présidente, merci de nous donner l’occasion de discuter de notre rapport d’audit sur la préparation en cas de pandémie, la surveillance et les mesures de contrôle aux frontières. Je suis accompagnée aujourd’hui de Carol McCalla et Chantal Richard, les directrices principales responsables de cet audit, et des deux directeurs, Francis Michaud et Sarah McDermott.

Cet audit visait à déterminer si l’Agence de la santé publique du Canada était prête à faire face à une pandémie. L’audit portait aussi sur les mesures prises par l’Agence au début de la pandémie de COVID‑19. Nous avons aussi vérifié si l’Agence de la santé publique du Canada et l’Agence des services frontaliers du Canada avaient mis en place et fait respecter des mesures de contrôle aux frontières et de quarantaine obligatoire pour limiter la propagation de la COVID‑19 au Canada.

Dans l’ensemble, nous avons constaté que l’Agence de la santé publique du Canada n’était pas aussi bien préparée qu’elle aurait pu l’être pour faire face à une pandémie. Je suis découragée par le fait que l’Agence n’avait pas réglé des problèmes dont certains ont été signalés à répétition depuis plus de 20 ans.

Après la dernière grande crise sanitaire qui a frappé le Canada en 2009, l’Agence a conçu des plans et des directives avec ses partenaires provinciaux et territoriaux pour préparer une réponse nationale coordonnée. Cependant, les plans d’urgence et d’intervention n’étaient pas tous à jour. Et surtout, le plan d’intervention fédéral-provincial-territorial n’avait pas été testé avant l’éclatement de la pandémie.

Pour limiter l’introduction d’une maladie infectieuse et sa propagation, il faut des alertes rapides. Nous avons constaté que les deux grands outils d’alerte rapide de l’Agence — le Réseau mondial d’information en santé publique et le processus d’évaluation des risques de l’Agence — n’avaient pas fonctionné comme prévu. Quand des cas de pneumonie d’origine inconnue ont été signalés pour la première fois en Chine, le Réseau n’a pas envoyé d’alertes aux autorités sanitaires nationales et internationales, contrairement à ce que prévoient ses propres critères.

De plus, l’Agence a utilisé un outil d’évaluation des risques qui n’avait jamais été testé et qui n’était pas conçu pour évaluer les effets possibles de l’introduction de la COVID‑19 au Canada et de sa propagation. L’Agence a donc continué à indiquer que ce risque était faible, même si le nombre de cas montait au Canada et ailleurs dans le monde. C’est à la mi-mars 2020 que l’administratrice en chef de la santé publique du Canada a demandé à l’Agence de changer le niveau du risque.

Nous avons aussi constaté que l’Agence n’avait pas réglé des problèmes de longue date, comme dans le cas de l’infrastructure de technologie de l’information qui sert à ses activités de surveillance de la santé publique. Par exemple, l’Agence n’avait pas finalisé un accord pour partager des données avec ses partenaires provinciaux et territoriaux. Ces problèmes non réglés ont nui à l’échange de données sur la santé entre l’Agence, les provinces et les territoires. Ils ont aussi nui à la capacité de l’Agence de fournir un tableau cohérent et à jour des infections de COVID‑19 au Canada. Malgré ces problèmes, l’Agence a su adapter ses mesures d’intervention rapidement et de manière continue pour pouvoir adopter des mesures de santé publique et ralentir la propagation du virus.

Lorsque les voyages discrétionnaires ont été interdits et que la quarantaine obligatoire a été imposée aux voyageurs arrivant au Canada, l’Agence des services frontaliers du Canada a vite mis en place des mesures de santé publique à tous les points d’entrée aériens, terrestres et maritimes du pays. L’Agence de la santé publique du Canada et l’Agence des services frontaliers du Canada ont collaboré pour faire appliquer les restrictions aux frontières et communiquer les exigences de quarantaine aux voyageurs entrant au pays.

Cependant, l’Agence de la santé publique du Canada n’avait pas envisagé qu’une quarantaine soit imposée à l’échelle nationale et n’avait donc pas planifié en ce sens, y compris pour le suivi des voyageurs à risque de non‑conformité. Elle a alors dû augmenter sa capacité de vérification de la conformité en temps réel. Nous avons constaté que l’Agence ne savait pas si les deux tiers des voyageurs entrés au pays avaient respecté les exigences de leur quarantaine. Elle n’a donc pas pu évaluer l’efficacité des ordonnances de mise en quarantaine pour limiter la propagation de la COVID‑19.

Notre rapport contient 8 recommandations. Les 2 agences les ont toutes acceptées.

Madame la Présidente, je termine ainsi ma déclaration d’ouverture. Nous serons heureux de répondre aux questions des membres du Comité. Merci.