2021 — Rapports 3 à 7 du commissaire à l’environnement et au développement durable au Parlement du Canada Déclaration d’ouverture du commissaire à l’environnement et au développement durable à la conférence de presse
Bonjour, et merci de vous joindre à moi. Je suis Jerry DeMarco, le commissaire à l’environnement et au développement durable du Canada. J’aimerais d’abord reconnaître que nous nous trouvons présentement le territoire traditionnel non cédé du peuple Algonquin anishinabé. Je vais commencer par vous donner un aperçu des cinq rapports qui seront remis au Parlement cet après-midi. Ensuite, je pourrai répondre à vos questions.
Je débute avec notre premier rapport qui présente les constatations de notre audit du Fonds de réduction des émissions de Ressources naturelles Canada pour le secteur pétrolier et gazier. Ce fonds faisait partie des mesures mises en place par le gouvernement du Canada en réponse à la pandémie de COVID‑19.
Comme le dit son nom, le Fonds de réduction des émissions visait à réduire les émissions nocives tout en préservant les emplois et en attirant les investissements dans les sociétés pétrolières et gazières. Il est important que les programmes de financement des sociétés pétrolières et gazières permettent des réductions crédibles et durables des émissions. Autrement, ces programmes sont susceptibles d’aller à l’encontre de l’engagement pris par le Canada visant à lutter contre les changements climatiques.
Nous avons constaté que le programme avait été mal conçu, car il n’établissait pas de lien entre le financement reçu et les réductions d’émissions nettes provenant d’exploitations classiques de pétrole et de gaz côtières et infracôtières. Par exemple, pour les deux tiers des 40 projets financés par le Fonds de réduction des émissions, les sociétés ont indiqué dans leur demande que le financement leur permettrait d’accroître leurs niveaux de production. Or, lorsque la production augmente, les émissions découlant de cette production augmentent aussi.
Pour aider le Canada à atteindre ses cibles nationales de réduction des émissions de gaz à effet de serre, Ressources naturelles Canada devrait, lorsqu’il élabore une politique, un programme ou une mesure visant la diminution des émissions, s’assurer que ses estimations de réductions attendues sont fiables. Ceci permettrait d’atténuer le risque que les actions entreprises nuisent aux efforts du Canada pour l’atteinte des réductions d’émissions ciblées pour 2030 et 2050.
Passons maintenant au prochain rapport. Nous avons examiné si Environnement et Changement climatique Canada et Agriculture et Agroalimentaire Canada avaient adopté une approche coordonnée et axée sur les risques pour réduire la prolifération d’algues causée par l’excès de nutriments dans trois bassins hydrographiques du Canada, soit le lac Érié, le lac Winnipeg, et le Wolastoq—fleuve Saint‑Jean.
L’excès de nutriments et la prolifération d’algues sont des sources de préoccupation dans les trois bassins hydrographiques examinés, et ces problèmes pourraient s’aggraver en raison des pressions agricoles et des changements climatiques. Le Canada s’est fixé comme objectif d’accroître la production agricole, ce qui pourrait contribuer au ruissellement de nutriments. L’excès de nutriments peut entraîner une prolifération démesurée d’algues, ce qui peut produire des toxines dangereuses pour l’être humain, le bétail, les animaux de compagnie et les animaux sauvages.
Nous avons constaté qu’Environnement et Changement climatique Canada et Agriculture et Agroalimentaire Canada étaient sur la bonne voie. Toutefois, les ministères pourraient avoir un plus grand impact sur la qualité de l’eau douce s’ils coordonnaient mieux leurs activités scientifiques et leur échange d’information avec d’autres organisations chargées de la gestion des ressources en eau.
Environnement et Changement climatique Canada et Agriculture et Agroalimentaire Canada ont des rôles importants à jouer afin d’équilibrer les intérêts économiques et environnementaux. La coordination entre les deux ministères est donc primordiale pour faire face aux problèmes liés à la qualité de l’eau.
Pour le prochain rapport, comme à chaque année, nous avons évalué les progrès de certaines organisations fédérales dans la mise en œuvre de leurs stratégies de développement durable en nous attardant sur la transparence et la qualité des rapports d’avancement. Plus particulièrement, nous avons sélectionné 12 ministères et organismes et examiné leurs mesures ministérielles liées à 3 objectifs de la Stratégie fédérale de développement durable, à savoir : Côtes et océans sains, Lacs et cours d’eau vierges et Alimentation durable.
Dans l’ensemble, les rapports sur les mesures prises pour atteindre les objectifs fédéraux étaient médiocres. Dans la plupart de ces mesures, les ministères et organismes fédéraux n’ont pas suivi les directives sur la présentation de rapports, et il manquait des renseignements importants. Ainsi, ils n’ont pas présenté de résultats pour près de la moitié de leurs mesures.
Les rapports sur les mesures prises par les ministères et organismes pour réaliser les objectifs établis dans la Stratégie fédérale de développement durable devraient être présentés sous le signe de la transparence et de la reddition de comptes. Lorsque les rapports comportent des lacunes, il devient difficile pour les parlementaires et la population canadienne de comprendre les progrès réalisés à l’égard des engagements pris par le Canada en matière de développement durable.
Ce dépôt comprend aussi le rapport annuel sur les pétitions en matière d’environnement. Le Bureau du vérificateur général du Canada, dont je fais partie, sert de pont entre la population canadienne et les organisations gouvernementales pour les préoccupations liées à l’environnement et au développement durable. Au cours de la dernière année, nous avons reçu 14 pétitions qui soulevaient des questions dans divers domaines, notamment sur la biodiversité, les changements climatiques et les substances toxiques.
Le rapport de cette année met en relief les mesures que le gouvernement du Canada a récemment prises à l’égard de questions soulevées dans deux pétitions antérieures. L’une de ces pétitions portait sur l’aquaculture sur la côte ouest et l’autre portait sur le projet de sentier récréatif dans le parc national Jasper en Alberta.
Je me tourne maintenant vers notre dernier rapport, qui en fait n’est pas un audit mais plutôt un sommaire des leçons tirées des actions du Canada, depuis 1990, pour lutter contre les changements climatiques.
Après plus de 30 ans, les émissions de gaz à effet de serre, qui ont des effets dommageables sur le climat, sont en hausse au Canada. En dépit des engagements répétés du gouvernement visant à réduire les émissions au pays, celles‑ci ont augmenté de plus de 20 % depuis 1990.
Le Canada a déjà été un chef de file dans la lutte contre les changements climatiques. Toutefois, après une série d’occasions ratées, il est désormais le pays avec la pire performance de toutes les nations du Groupe des 7G7 depuis l’adoption de l’historique Accord de Paris sur les changements climatiques en 2015. Il y a eu un certain élan récemment : des lois ont été adoptées et des plans plus ambitieux ont été établis. Je garde donc espoir que les résultats du Canada dans ce dossier pourront s’améliorer. Par contre, nous ne pouvons pas continuer d’aller d’échec en échec. Nous devons prendre des mesures et obtenir des résultats. Il ne suffit pas d’établir d’autres cibles et d’autres plans.
Au cœur du rapport se trouvent huit leçons tirées de l’action et de l’inaction climatique du Canada.
La première leçon à tirer est qu’un leadership et une coordination plus efficaces sont nécessaires pour faire progresser les engagements envers la lutte contre les changements climatiques. D’autres leçons portent sur le besoin de réduire la dépendance du pays aux secteurs qui rejettent de grandes quantités d’émissions, de s’adapter aux effets des changements climatiques, d’accroître la sensibilisation du public, d’investir dans un avenir résilient face aux changements climatiques, d’agir pour donner suite aux cibles climatiques et non seulement d’en parler, de faire participer toutes les parties prenantes à l’action climatique, et de protéger les intérêts des générations futures.
La pandémie de COVID‑19 nous a démontré qu’en temps de crise, les mesures fermes et concertées du gouvernement peuvent avoir une incidence positive. Une crise climatique à long terme nous menace plus que jamais. Les changements climatiques, comme les pandémies, constituent une crise mondiale, une crise sur laquelle les experts tirent la sonnette d’alarme depuis des décennies. Les deux posent des risques pour la santé humaine, et, dans les deux cas, l’ensemble de la société doit intervenir pour protéger les générations actuelles et futures.
Pour conclure, le gouvernement fédéral doit obtenir des résultats concrets en matière de protection de l’environnement et de développement durable – pas seulement des mots et des promesses non tenues. Trop souvent, les engagements du Canada en matière d’environnement ne sont pas accompagnés des mesures nécessaires pour protéger l’air, les terres, les eaux et la faune – pour les générations actuelles et futures. Cette tendance, il est urgent de l’inverser.
Ce message est tellement important que je tiens à le redire aussi en français : le Canada a déjà été un chef de file dans la lutte contre les changements climatiques. Le Canada a déjà été un chef de file dans la lutte contre les changements climatiques. Toutefois, après une série d’occasions ratées, il est désormais le pays avec la pire performance de toutes les nations du G7 depuis l’adoption de l’historique Accord de Paris sur les changements climatiques en 2015. Nous ne pouvons pas continuer d’aller d’échec en échec. Nous devons prendre des mesures et obtenir des résultats. Il ne suffit pas d’établir d’autres cibles et d’autres plans. Trop souvent, les engagements du Canada en matière d’environnement ne sont pas accompagnés des mesures nécessaires pour protéger l’air, les terres, les eaux et la faune – pour les générations actuelles et futures. Cette tendance, il est urgent de l’inverser.
Merci. Je suis maintenant prêt à répondre à vos questions.