Les services de soins de santé — Nunavut
Déclaration d’ouverture au Comité permanent sur les comptes publics, les hauts fonctionnaires indépendants et autres entités
Les services de soins de santé — Nunavut
(2017 mars — Rapport du vérificateur général du Canada à l’Assemblée législative du Nunavut)
Le 8 mai 2017
Michael Ferguson, CPA, CA
FCA (Nouveau-Brunswick)
Vérificateur général du Canada
Unnusakkut. Bonjour à tous. Je vous remercie, Madame la Présidente, de nous donner l’occasion de discuter de notre rapport sur les services de santé au Nunavut. Je suis accompagné des responsables de l’audit, Monsieur James McKenzie, directeur principal, et Madame Liliane Cotnoir, directrice.
Dans le cadre de cet audit, nous voulions déterminer si le personnel infirmier en santé communautaire et d’autres employés de première ligne des centres de santé du Nunavut avaient l’appui nécessaire pour faire leur travail. Nous avons notamment examiné si de l’orientation et de la formation avaient été systématiquement offertes, si le personnel de santé travaillait dans un milieu sécuritaire, et si le ministère de la Santé cherchait à améliorer en continu la qualité des soins prodigués par son personnel de santé.
Permettez-moi de vous donner un aperçu de nos constatations.
Dans l’ensemble, nous avons constaté que le ministère de la Santé n’avait pas donné aux infirmières et infirmiers et à d’autres membres du personnel de santé l’appui dont ils avaient besoin.
Nous avons constaté que le Ministère n’avait pas systématiquement offert de l’orientation et de la formation au personnel infirmier ni à d’autres membres du personnel des centres de santé. Ainsi, certains employés chargés des radiographies dans les centres de santé locaux n’avaient pas eu de formation suffisante. Une analyse du Ministère a souligné ce manque de formation en indiquant que la qualité de 45 % des radiographies prises dans certains centres de santé était trop mauvaise pour qu’un diagnostic soit établi.
Les commis-interprètes, qui doivent traduire les besoins des patients inuits pour le personnel de santé, n’avaient pas non plus reçu de formation adéquate. Des interprètes formés à la terminologie médicale sont essentiels si l’on veut s’assurer que le personnel médical et les patients inuits qui ne parlent pas anglais se comprennent.
Nous avons constaté que le ministère de la Santé n’avait pas fourni un milieu de travail sécuritaire à son personnel. Même si des employés avaient signalé des menaces, des agressions verbales et physiques et des entrées par effraction aux centres de santé, le Ministère ne disposait pas d’un système de suivi de ces incidents. Il n’avait donc pas l’information nécessaire pour définir les mesures à prendre pour réduire au minimum les risques posés par ces incidents. De plus, des mesures de sécurité dans les centres, comme les systèmes d’alarme de panique, ne fonctionnaient pas toujours et les fonctionnaires du Ministère estimaient que les lignes directrices pour les employés travaillant seuls n’étaient pas réalistes ni efficaces.
Même si le ministère de la Santé avait des procédures pour examiner et améliorer la qualité des services de santé, ces procédures ont rarement été suivies. Ainsi, les examens pour vérifier si les infirmières et les infirmiers en santé communautaire remplissaient correctement les dossiers médicaux des patients n’ont pas été faits comme il se doit. Or, les dossiers médicaux sont des outils essentiels pour consigner les résultats des visites d’un patient et assurer la continuité des soins. Par ailleurs, les directrices et directeurs régionaux n’ont pas effectué, comme il se doit, des visites annuelles dans les centres de santé communautaire pour s’assurer que ceux-ci fonctionnaient efficacement.
En 2016, près de la moitié de tous les postes au ministère de la Santé étaient vacants et beaucoup étaient occupés par du personnel temporaire. Nous avons constaté que le processus de dotation, qui relève aussi du ministère des Finances, était long. Il a fallu, en moyenne, 18 mois pour pourvoir les postes vacants. Certains postes infirmiers sont restés vacants pendant plusieurs années. Malgré des taux élevés de postes à pourvoir, le ministère de la Santé n’avait pas de système efficace pour suivre et gérer ses mesures de dotation. Il n’avait pas non plus de stratégie à jour de recrutement et de rétention du personnel infirmier.
Enfin, nous avons constaté que même si la population de la plupart des collectivités du Nunavut avait augmenté, le ministère de la Santé n’avait réalisé aucune analyse pour déterminer si la répartition des infirmières et infirmiers et des médecins suffisait à répondre aux besoins des collectivités. Le Ministère avait lancé une initiative pour améliorer la prestation des services de santé. Nous avons cependant observé que le Ministère ne comptait pas consulter les Nunavummiuts avant d’avoir déterminé des options pour améliorer la prestation des soins de santé. À notre avis, faire participer les Nunavummiuts dès le début du processus est important pour la réussite de l’examen.
Nous avons formulé 17 recommandations dans notre rapport, dont certaines visaient des problèmes de longue date. Le ministère de la Santé et le ministère des Finances ont accepté nos recommandations. La mise en œuvre de ces recommandations sera primordiale pour renforcer les services de soins de santé au Nunavut.
Madame la Présidente, voilà qui conclut ma déclaration d’ouverture. Mes collègues et moi serons heureux de répondre aux questions des membres du Comité. Merci. Qujannamiik.