Les vaccins contre la COVID-19 au Nunavut

Déclaration d’ouverture au Comité permanent sur les opérations gouvernementales et les comptes publics

Les vaccins contre la COVID-19 au Nunavut

(Rapport de 2023 de la vérificatrice générale du Canada à l’Assemblée législative du Nunavut)

Le 22 septembre 2023

Casey Thomas
Vérificatrice générale adjointe

Ullaakkut. Bonjour. Monsieur le Président, nous sommes heureuses d’être à Iqaluit aujourd’hui pour discuter de notre rapport d’audit sur les vaccins contre la COVID‑19 au Nunavut, qui a été déposé à l’Assemblée législative le 30 mai 2023. Je suis accompagnée aujourd’hui de Mélanie Joanisse, la directrice responsable de l’audit.

La pandémie de COVID-19 constitue l’éclosion de maladie infectieuse la plus grave depuis plus d’un siècle. Il était donc important d’offrir un accès rapide aux vaccins pour réduire les risques de maladie grave, d’hospitalisation et de décès dans le territoire, et atténuer les effets de la pandémie sur le système de santé publique du Nunavut. Notre rapport traite de la manière dont le gouvernement a assuré la livraison des vaccins dans l’ensemble du territoire. Il souligne aussi les stratégies fructueuses pour appuyer les efforts dans l’éventualité d’une autre urgence sanitaire publique et les aspects à améliorer.

Dans l’ensemble, le ministère de la Santé, le ministère de l’Exécutif et des Affaires intergouvernementales et le ministère des Services communautaires et gouvernementaux ont travaillé ensemble afin de surmonter des défis logistiques et des pénuries de personnel considérables afin de livrer rapidement les vaccins dans tout le territoire. Les ministères ont mobilisé activement les organisations inuites et les groupes communautaires, ce qui a contribué à la réussite du déploiement des vaccins. Toutefois, nous avons constaté que les efforts de vaccination avaient été rendus plus difficiles par l’absence d’un plan d’intervention en cas de pandémie et de systèmes d’information pour assurer le suivi et la surveillance des stocks de vaccins et en rendre compte.

En moyenne, il fallait deux semaines pour acheminer les vaccins aux 25 collectivités du Nunavut à partir du moment où les vaccins arrivaient dans le territoire. À notre avis, les livraisons étaient rapides puisque les ministères devaient recruter des membres du personnel infirmier et leur fournir un hébergement, réserver des avions pour les transporter dans les collectivités, s’adapter aux conditions météorologiques et respecter les exigences de contrôle de la température du vaccin.

Le ministère de la Santé a ciblé les populations vulnérables à vacciner en priorité, en fonction de lignes directrices nationales et en tenant compte du contexte du Nunavut. Les personnes désignées pour recevoir les doses du vaccin en premier étaient les aînés et les personnes vivant dans des centres de soins continus, des établissements correctionnels et des refuges.

Toutefois, le ministère de la Santé n’avait pas de plan d’intervention en cas de pandémie en vigueur et à jour qui comprenait une structure de gouvernance ainsi que des buts et des objectifs clairement définis. Cela a suscité de la confusion quant aux rôles et responsabilités des hauts fonctionnaires pendant cette urgence sanitaire publique. Par ailleurs, il y avait un manque d’orientation quant à la façon dont le ministère de la Santé devait collaborer avec les parties prenantes inuites et communautaires et les consulter. Ainsi, le Ministère a dû créer et mettre en œuvre son plan de vaccination pendant le déploiement des vaccins.

Le ministère de la Santé n’avait pas de systèmes d’information pour assurer le suivi et la surveillance des stocks de vaccins et en rendre compte. Le Ministère a signalé un gaspillage de 15 % des doses en date de septembre 2022. Toutefois, nous avons constaté qu’en raison d’une tenue inadéquate des dossiers et d’un suivi insuffisant des stocks, le Ministère n’avait pas pu suivre la trace d’un autre 16 % des doses. Alors qu’un certain gaspillage était attendu, nous avons constaté que le Ministère pourrait avoir gaspillé jusqu’à 31 % des doses qu’il avait reçues de l’Agence de la santé publique du Canada.

Nous avons constaté que le Ministère ne savait pas combien de doses de vaccins il avait reçues. Lorsqu’il était question de surveillance, le Ministère n’avait pas de méthode exhaustive et uniforme pour suivre le parcours des doses de vaccins entre les pharmacies régionales et les centres de santé communautaire.

Nous avons aussi constaté que le Ministère n’avait pas de système pour effectuer le suivi des stocks dans les centres de santé communautaire ou du gaspillage après mai 2022. Il s’appuyait plutôt sur un système manuel laborieux pour assurer le suivi des doses gaspillées dans les pharmacies régionales. En raison de ces faiblesses et de ce manque d’efficacité, le Ministère ne savait pas si les doses non retracées étaient gaspillées ou si elles étaient en stock dans les centres de santé.

Pour renforcer la façon dont elle intervient dans des situations d’urgences sanitaires éventuelles, notamment les pandémies et les campagnes d’immunisation de masse, le gouvernement du Nunavut doit mettre en place des systèmes d’information et de gestion des stocks modernes pour communiquer les principaux éléments du déploiement des vaccins et les effets secondaires. Cela permettrait d’améliorer la prestation des services de soins de santé à la population du territoire et de réduire le fardeau pesant sur une main‑d’œuvre surchargée.

Monsieur le Président, je termine ainsi ma déclaration d’ouverture. Nous serions heureuses de répondre aux questions des membres du Comité. Nakurmiik. Merci.