Survol de l’audit — Les services correctionnels dans les Territoires du Nord-Ouest — Ministère de la Justice

Survol de l’audit Les services correctionnels dans les Territoires du Nord-Ouest — Ministère de la Justice

Qu’avons-nous examiné ? (voir Objet de l’audit)

Le présent audit visait essentiellement à déterminer si le ministère de la Justice s’acquittait de ses principales responsabilités à l’égard des détenus au sein du système correctionnel. Nous avons vérifié si le Ministère avait :

Nous n’avons pas examiné les services judiciaires, les peines prononcées, les services de justice communautaire, ni les programmes de justice communautaire. Nous n’avons pas non plus audité la gestion de cas des femmes et des jeunes contrevenants placés en détention.

L’audit a porté sur la période allant du 1er avril 2012 au 1er septembre 2014.

Pourquoi avons-nous effectué cet audit?

Cet audit est important parce que les services correctionnels représentent un enjeu majeur dans les Territoires du Nord-Ouest. Le système correctionnel joue donc un rôle essentiel pour protéger la population en assurant la surveillance des détenus et la mise en œuvre de programmes correctionnels visant à aider à leur réadaptation.

Sous l’autorité du ministre de la Justice, le ministère de la Justice est chargé des services correctionnels des Territoires du Nord-Ouest, aux termes de la Loi sur les services correctionnels et des règlements du Service correctionnel. Au sein du Ministère, c’est le Service correctionnel qui s’occupe des probations, des libérations conditionnelles, de l’aide à la réadaptation et des services en établissement pour adultes. Aux termes de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents fédérale et de la Loi sur le système de justice pour les adolescents des Territoires, il est aussi chargé de la détention pénitentiaire des jeunes contrevenants ainsi que de leur surveillance dans la collectivité après leur mise en liberté. Le Service a pour mission d’assurer la prise en charge des contrevenants de la manière la moins restrictive possible et de favoriser leur réadaptation et leur réinsertion sociale grâce à des méthodes holistiques et culturellement adaptées pour le bien commun de la société.

Selon Statistique Canada, les Territoires avaient le plus haut taux de criminalité du pays en 2013. Les données du Ministère montrent que 692 adultes de sexe masculin ont été admis dans un établissement correctionnel au cours de l’exercice 2013-2014, dont 653 au Centre correctionnel du Slave Nord et 14 à l’Unité des hommes du Complexe correctionnel de Fort Smith. Ces données comprennent à la fois les admissions en détention provisoire et les admissions en détention après condamnation, mais excluent les transfèrements entre les établissements.

Au cours de l’exercice 2013-2014, environ 38 millions de dollars ont été alloués au Service correctionnel, ce qui représentait environ 32 % du budget de fonctionnement du Ministère. Cette somme comprenait près de 29 millions de dollars qui ont été consacrés aux établissements pour adultes et pour jeunes contrevenants.

Qu’avons-nous conclu?

Nous avons conclu que le ministère de la Justice ne s’était pas acquitté de ses principales responsabilités à l’égard des détenus au sein du système correctionnel. Nous avons conclu que le ministère de la Justice avait élaboré des plans adéquats pour ses établissements. Nous avons toutefois conclu que le Ministère n’avait pas assuré le bon fonctionnement de ses établissements de détention et qu’il n’avait pas non plus assuré une gestion adéquate de la prise en charge des détenus, conformément aux principales exigences en matière de réadaptation et de réinsertion sociale.

Qu’avons-nous constaté?

La gestion de cas des détenus

Dans l’ensemble, nous avons constaté qu’il y avait d’importantes lacunes dans la gestion de cas auprès des détenus dans les établissements correctionnels du Slave Nord et de Fort Smith (Unité des hommes). Ces lacunes entravent les efforts déployés par le Ministère pour favoriser la réadaptation des détenus et les préparer à leur retour dans la collectivité. Le Ministère n’a pas déterminé les causes des comportements criminels des détenus qui purgent de courtes peines – ils représentent environ la moitié de la population carcérale – ni évalué leur niveau d’alphabétisation ou leurs capacités intellectuelles afin d’élaborer des plans de réadaptation adaptés. Or, sans cette information, le Ministère ne peut pas déterminer si les programmes offerts sont adaptés aux détenus, et ainsi s’acquitter de son obligation d’aider à leur réadaptation. Pour ce qui est de l’autre moitié des détenus, soit ceux condamnés à des peines plus longues, le Ministère a certes défini des programmes de réadaptation pour aider à contrer leurs comportements criminels, mais il ne les a pas mis en œuvre de manière adéquate. Ainsi, certains détenus considérés comme nécessitant une aide personnalisée à long terme pour lutter contre leur toxicomanie ou alcoolisme n’ont eu droit qu’à des réunions de groupe hebdomadaires des Alcooliques anonymes. D’autres détenus n’ont bénéficié d’aucune aide, car aucun programme n’était offert pendant leur incarcération.

Cette constatation est importante parce que le Ministère est chargé, aux termes de la Loi sur les services correctionnels, de faire appliquer les peines infligées aux contrevenants et de protéger la société grâce à la mise en œuvre de programmes et de services adaptés. Les lacunes importantes relevées dans la gestion de cas indiquent que beaucoup de détenus sont libérés sans avoir bénéficié de l’aide dont ils auraient eu besoin dans le cadre de leur réadaptation et de leur réinsertion sociale.

La gestion des établissements

Dans l’ensemble, nous avons constaté que le ministère de la Justice n’avait pas satisfait de manière adéquate à des exigences clés en matière de gestion des établissements correctionnels. Même s’il a élaboré des plans pour ses établissements en vue de répondre aux besoins actuels et à venir du système correctionnel, notamment en prévoyant le remplacement de l’Unité des femmes du Complexe correctionnel de Fort Smith en 2017-2018, il n'a pas pris des mesures suffisantes pour réduire certains problèmes de sécurité qui sont très préoccupants dans l’établissement existant, où les femmes continueront d’être détenues en attendant la construction du nouveau centre. Les problèmes recensés concernent notamment le manque d’espace pour procéder à l’évaluation médicale des détenues et l’incarcération de détenues dans un établissement dont les portes ne se verrouillent pas.

Nous avons aussi constaté que le Ministère n’avait pas exercé une surveillance adéquate en vue de déterminer si la direction des établissements du Slave Nord et de l’Unité des hommes de Fort Smith se conformait à certaines exigences en matière de sécurité dans des secteurs comme la gestion des détenus placés en isolement, la lutte contre la contrebande d’objets interdits et la réalisation d’inspections de prévention des incendies et d’inspections sanitaires pour s’assurer que les établissements sont sûrs. Dans bien des cas, nous avons constaté que la direction des établissements n’avait pas satisfait aux exigences dans ces secteurs qui visent pourtant à s’assurer que les détenus sont logés dans un environnement sûr et sans danger. Certains détenus, par exemple, ont été maintenus en isolement sans l’approbation requise des directeurs des établissements. De plus, les examens quotidiens et hebdomadaires requis visant à déterminer s’il était toujours approprié de maintenir les détenus en isolement n’ont pas toujours été faits.

Réponse

Le ministère de la Justice a accepté nos recommandations, et y a répondu (voir le tableau des recommandations).

À propos de l’audit

Rapport du Vérificateur général du Canada
Type de produit Audit de performance
Entités vérifiées Ministère de la Justice (Territoires du Nord-Ouest)
Date de fin de l’audit 10 novembre 2014
Date de dépôt 3 mars 2015
Audits connexes Rapports à l’Assemblée législative des Territoires du Nord-Ouest

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