La force aérienne de combat du Canada — Défense nationale
Déclaration d’ouverture au Comité permanent des comptes publics
La force aérienne de combat du Canada — Défense nationale
(Rapport 3 — Rapports de l’automne 2018 du vérificateur général du Canada)
Le 3 décembre 2018
Jerome Berthelette
Vérificateur général adjoint
Monsieur le Président, je vous remercie de nous donner l’occasion de présenter les résultats de notre rapport sur la force aérienne de combat du Canada. Je suis accompagné de Madame Casey Thomas, la directrice principale responsable de cet audit.
Notre audit visait à déterminer si la Défense nationale avait géré les risques liés à la force aérienne de combat du Canada de façon à pouvoir respecter les engagements du pays auprès du Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du NordNORAD et de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nordl’OTAN, jusqu’à ce qu’une flotte de remplacement soit opérationnelle.
En 2016, le gouvernement du Canada a demandé à la Défense nationale d’avoir chaque jour assez d’avions de chasse disponibles pour répondre au niveau d’alerte le plus élevé du NORAD et honorer dans le même temps l’engagement du Canada envers l’OTAN. La Défense nationale devait donc augmenter de 23 % le nombre d’avions de chasse disponibles pour ses opérations. Cette nouvelle exigence a été établie alors que l’Aviation royale canadienne connaissait un manque croissant de pilotes et de techniciens formés et expérimentés.
Même avant la nouvelle exigence opérationnelle, la force de chasse n’avait pas assez de techniciens et de pilotes expérimentés. Selon la Défense nationale, en avril 2018, 22 % des postes de technicien dans les escadrons de CF-18 étaient vacants ou occupés par des techniciens qui n’étaient pas encore complètement qualifiés pour faire l’entretien. De plus, la Défense nationale a déterminé qu’elle avait seulement 64 % des pilotes de CF-18 qualifiés dont elle avait besoin pour satisfaire à la nouvelle exigence du gouvernement.
Même s’il y avait un plan visant à augmenter le nombre de techniciens, nous avons constaté qu’il n’y avait pas de plan pour augmenter le nombre de pilotes de CF-18. Les pilotes quittent la force de chasse à un rythme plus rapide que celui auquel elle peut en former de nouveaux. Par conséquent, vu le manque de pilotes et les limites du système d’entraînement, la Défense nationale ne pourra pas satisfaire à la nouvelle exigence opérationnelle durant de nombreuses années.
Même si une analyse de la Défense nationale a montré qu’elle avait besoin de plus de techniciens et de pilotes, le gouvernement a préconisé l’augmentation du nombre d’appareils comme solution pour satisfaire à la nouvelle exigence. À l’origine, le gouvernement prévoyait acheter 18 nouveaux chasseurs Super Hornet. Toutefois, à cause d’un différend commercial, il a décidé de ne pas les acheter.
À présent, le gouvernement prévoit acheter à l’Australie des avions de chasse d’occasion : cette solution provisoire doit permettre de combler l’écart jusqu’en 2032, la date cible actuelle pour achever la transition vers la flotte de chasse de remplacement. Cependant, même si la Défense nationale peut faire face au manque de personnel, les avions de chasse australiens ont le même âge et les mêmes limites opérationnelles que les CF-18 actuellement en service au Canada.
De plus, nous avons constaté que la capacité de combat des CF-18 n’a pas été gardée à niveau. Cela est dû en partie aux avancées technologiques des avions de chasse modernes et à un manque d’investissements pour améliorer les systèmes de combat des CF-18. Sans ces améliorations, les CF-18 seront de moins en moins efficaces lors des opérations du NORAD et de l’OTAN. Selon nous, le maintien en service des CF-18 jusqu’en 2032 sans plan pour améliorer leur capacité de combat amènera la force de chasse à jouer des rôles moins importants. Par ailleurs, cela diminuera la capacité du Canada à contribuer aux opérations du NORAD et de l’OTAN.
La Défense nationale s’attend à dépenser près de 3 milliards de dollars afin de prolonger la durée de vie de la flotte actuelle, et d’acheter, d’exploiter et d’entretenir des appareils pour un usage provisoire. Cependant, sans plan pour faire face aux plus grands obstacles, soit le manque de pilotes et le déclin de la capacité de combat des CF-18, les dépenses décidées ne suffiront pas pour permettre d’honorer les engagements du Canada. Tant que la Défense nationale ne saura pas quand et comment elle réglera le manque de pilotes et améliorera sa capacité de combat, ce n’est pas avec plus d’appareils qu’elle résoudra ses problèmes.
La Défense nationale a accepté nos deux recommandations et a défini un plan d’action.
Monsieur le Président, je termine ainsi ma déclaration d’ouverture. Nous serons heureux de répondre aux questions du Comité. Merci.