Les changements climatiques dans les Territoires du Nord-Ouest

SurvolLes changements climatiques dans les Territoires du Nord-Ouest

Qu’avons-nous examiné? (voir Objet de l’audit)

Selon le ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles des Territoires du Nord-Ouest, les changements climatiques ont des répercussions importantes et généralisées sur les Territoires du Nord-Ouest.

Même si les Territoires du Nord-Ouest produisent peu de gaz à effet de serre, ils sont particulièrement vulnérables aux impacts des changements climatiques. Le Ministère a indiqué que la température de surface moyenne avait augmenté d’environ 2 ºCelsiusC depuis les années 40 dans les Territoires du Nord-Ouest, alors qu’elle n’avait augmenté que de 0,74 ºC à l’échelle planétaire. Dans une région des Territoires du Nord-Ouest, le réchauffement a atteint 3 ºC.

Les moyens de subsistance des habitants sont menacés tout comme le mode de vie des collectivités, surtout les collectivités autochtones, dont beaucoup sont éloignées. Les efforts déployés par les Territoires du Nord-Ouest pour s’adapter aux impacts des changements climatiques visent 33 collectivités qui sont dispersées sur un territoire couvrant plus de 1 million de kilomètres carréskm2.

L’audit visait à déterminer si le ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles et le ministère de l’Infrastructure avaient pris des mesures adéquates pour respecter leurs engagements en vue de réduire les émissions de gaz à effet de serre du territoire et de prendre des mesures d’adaptation aux changements climatiques.

Pourquoi avons-nous effectué cet audit?

Cet audit est important parce que les changements climatiques ont des répercussions importantes sur les Territoires du Nord-Ouest et le gouvernement doit savoir quoi faire pour s’y adapter. Les changements climatiques affectent la faune et la flore sauvages, les paysages et les infrastructures essentielles, de même que la sécurité alimentaire et énergétique des habitants, leur économie traditionnelle et leur capacité à aller et venir à l’extérieur de leurs collectivités.

Qu’avons-nous conclu?

Nous avons conclu que les mesures prises par les ministères des Territoires du Nord-Ouest audités n’étaient pas adéquates pour donner suite aux engagements pris par le gouvernement de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de prendre des mesures d’adaptation aux impacts des changements climatiques dans les Territoires du Nord-Ouest.

Qu’avons-nous constaté?

Leadership dans la lutte contre les changements climatiques

Dans l’ensemble, nous avons constaté que le ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles n’avait pas joué son rôle de chef de file ni honoré ses engagements en matière de lutte contre les changements climatiques. Le Ministère n’a pas recensé les risques posés par les changements climatiques pour les Territoires du Nord-Ouest. Il n’a pas non plus défini de stratégie territoriale d’adaptation aux impacts des changements climatiques. En outre, il n’a pas fourni aux ministères et aux collectivités un accès facile à l’information dont ils avaient besoin pour lutter contre les impacts des changements climatiques.

Les ministères et les collectivités des Territoires du Nord-Ouest ont plutôt dû déployer leurs propres efforts d’adaptation, ce qui a donné lieu à une approche décousue en matière d’adaptation. Le gouvernement ne sait donc pas si le territoire prend des mesures suffisantes pour s’adapter aux impacts des changements climatiques. Il ne sait pas non plus si des mesures sont prises à l’égard des secteurs où les risques sont les plus importants, ni si les mesures d’adaptation prises par un ministère ou une collectivité en particulier ont eu une incidence négative sur un autre ministère ou une autre collectivité.

Même si le ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles a axé ses efforts de lutte contre les changements climatiques sur l’élaboration de stratégies visant les gaz à effet de serre, il n’a pas fixé de véritables cibles pour les émissions, ni visé les principaux émetteurs.

Cette constatation est importante parce que sans efforts ciblés sur l’adaptation à l’échelle du territoire, sans leadership ferme, sans orientation stratégique ni accès à des renseignements utiles sur les changements climatiques, les ministères et les collectivités continueront d’être livrés à eux-mêmes pour faire face aux impacts dévastateurs et coûteux des changements climatiques.

  • Le ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles n’a pas défini de stratégie territoriale d’adaptation aux changements climatiques

    Recommandation — Le ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles devrait définir et mettre en œuvre une stratégie décrivant comment les Territoires du Nord-Ouest s’adapteront aux changements climatiques. Cette stratégie devrait :

    • comprendre une évaluation des risques liés aux changements climatiques pour l’ensemble du territoire;
    • être élaborée en tenant compte des commentaires recueillis auprès des autres ministères et des citoyens du territoire;
    • tenir compte de la diversité régionale, des efforts actuels en matière d’adaptation et des connaissances actuelles sur les impacts des changements climatiques pour le territoire;
    • comprendre des indicateurs qui facilitent le suivi des progrès réalisés en matière d’adaptation aux changements climatiques ainsi qu’un plan de mise en œuvre clair, et aussi prévoir des évaluations et des mises à jour en continu pour suivre l’évolution des besoins en matière d’adaptation.
  • Le ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles n’a pas respecté l’engagement qu’il avait pris de fournir aux ministères et aux collectivités l’information nécessaire pour lutter contre les changements climatiques

    Recommandation — Pour mieux répondre aux besoins en matière d’information sur les changements climatiques et éclairer les décisions en matière d’adaptation, le ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles devrait :

    • recenser les besoins en matière d’information sur les changements climatiques des ministères des Territoires du Nord-Ouest et des collectivités;
    • fournir aux ministères et aux autres parties prenantes l’accès à des renseignements pertinents sur les changements climatiques afin qu’ils puissent prendre des décisions éclairées en matière d’adaptation. Il devrait notamment recueillir de nouvelles données, accéder à l’information qui existe déjà, et établir des mécanismes pour conserver et diffuser cette information. Le Ministère devrait collaborer avec d’autres ministères territoriaux, les organismes publics, les collectivités et les instituts de recherche pour recenser l’information qui existe déjà sur les changements climatiques;
    • surveiller la mise en œuvre du programme du savoir intitulé Knowledge Agenda: Northern Research for Northern Priorities.
  • La stratégie territoriale sur les gaz à effet de serre n’a pas permis de réduire substantiellement les niveaux des émissions

    Recommandation — Le ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles devrait :

    • élaborer une nouvelle stratégie sur les gaz à effet de serre pour les Territoires du Nord-Ouest qui comprend des mesures concrètes visant les émissions de gaz à effet de serre, qui explique comment ces mesures vont limiter les émissions et qui décrit les actions précises à mener pour les mettre en œuvre;
    • surveiller activement les progrès réalisés par rapport aux engagements pris dans sa nouvelle stratégie sur les gaz à effet de serre et publier un rapport sur ces progrès et sur les résultats obtenus de manière périodique.

    Recommandation — Pour élaborer et mettre en œuvre sa stratégie sur les gaz à effet de serre, le ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles devrait mobiliser les parties prenantes, notamment l’industrie, pour clairement établir les engagements visant à limiter les émissions dans chaque secteur économique des Territoires du Nord-Ouest.

Adaptation aux impacts des changements climatiques

Dans l’ensemble, nous avons constaté que les ministères audités ne prenaient pas de mesures suffisantes pour faire face aux risques liés aux changements climatiques et s’adapter à leurs impacts très divers sur la faune et la flore sauvages ainsi que sur les bâtiments. Même si le ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles a pris des mesures pour protéger certaines espèces vulnérables, comme des espèces de caribous, il n’avait pas de plan d’adaptation global pour mieux protéger les espèces sauvages et avoir l’assurance que les secteurs les plus à risque étaient ciblés.

Par ailleurs, le ministère de l’Infrastructure a recensé des mesures d’adaptation précises pour protéger les routes et les bâtiments publics contre les risques posés par les changements climatiques, mais ces mesures n’ont été appliquées régulièrement que dans le cas des routes.

Cette constatation est importante parce que les changements climatiques peuvent avoir des impacts considérables dans de nombreux secteurs. Par exemple, l’alimentation et les revenus de beaucoup d’habitants des Territoires du Nord-Ouest dépendent des espèces sauvages, qui ont aussi une grande valeur culturelle. Les axes routiers du territoire jouent un rôle essentiel sur le plan économique et de la sécurité, puisqu’ils permettent d’acheminer des marchandises nécessaires aux collectivités et aux entreprises et contribuent à gérer les coûts élevés de la vie dans cette région nordique du pays. Les bâtiments publics, comme les écoles, les hôpitaux et les cliniques, fournissent des services qui sont aussi essentiels.

  • Les ministères n’ont pas pris de mesures suffisantes pour faire face aux risques liés aux changements climatiques

    Recommandation — Le ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles devrait recenser et mettre en œuvre des mesures de gestion des espèces sauvages pour assurer une adaptation adéquate aux changements climatiques. Il devrait notamment :

    • réaliser une évaluation des risques pour l’ensemble de sa stratégie  de gestion des espèces sauvages en vue d’avoir l’assurance que tous les risques que posent les changements climatiques pour ces espèces ont été relevés;
    • recueillir les données requises pour comprendre les impacts des changements climatiques sur les espèces sauvages, notamment la situation des espèces dans le territoire;
    • prendre des mesures pour faire face aux risques relevés;
    • s’employer à honorer les engagements qu’il a déjà ciblés comme étant importants pour lutter contre les impacts des changements climatiques sur les espèces sauvages.

    Recommandation — Le ministère de l’Infrastructure devrait systématiquement appliquer les méthodes d’exploitation qu’il s’est engagé à mettre en œuvre pour gérer les impacts des changements climatiques sur les bâtiments publics.

    Recommandation — Le ministère de l’Infrastructure devrait systématiquement mettre en œuvre les méthodes d’exploitation qu’il s’est engagé à appliquer afin de lutter contre les impacts des changements climatiques sur les routes, plus particulièrement sur les petits ponceaux et sur les routes de glace.

Réponse

Les entités vérifiées ont accepté nos recommandations, et y ont répondu (voir le tableau des recommandations).

Information connexes

Rapport du Vérificateur général du Canada
Type de produit Audit de performance
Entités vérifiées
  • Ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles
  • Ministère de l’Infrastructure
Date de fin de l’audit 14 septembre 2017
Date de dépôt 18 octobre 2017
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